Le Monde - Jeudi 30 Mars 1989

Délices DADA annonce le démantèlement du Château de Grignan

(…) Né il y a 5 ans, le groupe Délices DADA est la seule troupe de théâtre d’intervention de la Région – Alpes moins rhônalpine au demeurant que nationale, puisqu’elle se produit partout, de Maubeuge à Montpellier. A son programme : des actions insolites, comme le surgissement de chasse à courre dans les lieux les moins voués aux hallalis, ou, des détournements de manifestations officielles (comme la cérémonie de clôture du dernier festival de cinéma de Belfort) que leurs animateurs veulent " désofficialiser ". Perturbateurs insidieux de tous les rites de loisirs, les trublions de Délices DADA peuvent transformer une balade à vélo en promenade musicale, avec tandem équipé de walkman, ou introduire un cérémonial de grand restaurant dans l’ordonnance d’un concert populaire.(…) Son domaine, c’est " le comique un peu subversif ", manipulation de l’imaginaire, la " réécriture de l’histoire de France "… Pour toutes les villes, tous les paysages, ces drôles de guides ont des récits inouïs de grandes invasions et d’exodes de transfuges, improvisant allègrement mythes fondateurs et épopées de circonstance. Leur règle d’or : partir de la réalité locale.(…)


 

24 Heures, le grand quotidien Suisse / Lausanne

Circuit D. dans les rues de la Cité, Une visite très surréaliste

Saviez-vous que ce que nous avons coutume d’appeler en rougissant de fierté " la Cathédrale " n’est en fait qu’une modeste cabane atteinte de " lytho-cancer " ? Saviez-vous que le 13 juillet 1803, le canton de Vaud accédait à l’indépendance tandis que Lausanne affamée secouait le joug de l’occupant franco-bernois ? Saviez-vous qu’au XIIIe siècle la Cité avait été une terre d’accueil pour la communauté finnoise ? C’est que, depuis des siècles, les édiles cantonaux et communaux nous jettent de la poudre aux yeux… La véritable histoire de Lausanne, nous l’avons découverte grâce aux incroyables visites guidées de " Circuit D ". Vendredi et samedi soir, trois comédiens français du Groupe Délices Dada, spécialisés dans le théâtre d’intervention - entendez celui qui " va sans complaisance à la rencontre du public et s’approprie l’espace urbain de manière imaginative et subtile " - ont battu quatre heures durant le pavé de la Cité, traînant derrière eux une foule de Lausannois hilares. Le nez en l’air, on s’est ainsi baladé dans les " quartiers finnois ", on a frémi rue Curtat à la vue des traces pathétiques de la famine de 1812 ; on n’est sans doute pas près d’oublier ce bruitologue à la Hergé, rencontré dans le lieu hautement propice aux fouilles archéophoniques qu’est l’ancien jardin de Frédéric César de la Harpe… (…) Joëlle Fabre


 

CD - Le Sud-Ouest

Dada sur La Coursive…

La Coursive comme vous ne la verrez jamais, c’est avec la compagnie Délices DADA, une folle équipe pour une folle visite. Au commencement, il y avait la visite rouge, la visite verte et la visite bleue. Sans oublier le musée des curiosités rochelaises qui occupe le hall lumineux de la Coursive. Puis, il y a eu un guide rouge, un guide vert et un guide bleu, habillés à la " chef de gare " et le spectacle a pris la route. Car c’est bien de spectacle qu’il s ‘agissait, une œuvre savamment orchestrée par la compagnie, Délices Dada : " Circuit D ", c’est son nom. D comme délirant, D comme désopilant, D comme délices, D comme Dada… Ici, une malle de toilette de la deuxième moitié du XVIIe siècle, ayant probablement appartenu à la Marquise de Sévigné, oubliée à la Rochelle. Là, la première guitare électrique inventée par un jeune Rochelais de 14 ans, Robert Maurin… C’est le musée des curiosités rochelaises, quelques objets inattendus décrits avec humour et finesse par un des sept " dadas ". Mais ce n’est là qu’hors d’œuvre délicieux. Quand les guides, en courant, s’élancent vers les profondeurs inconnues de la Coursive, le public haletant, suit tant bien que mal, se faisant réprimander pour sa lenteur ! Avec le sérieux qui caractérise un guide, les comédiens de " Délices Dada " font découvrir les richesses de ce bâtiment de culture hors du commun. Une acropole cursuvienne, de l’époque du fer, très manichéenne, avec le Bien, Dieu le fer, et le Mal, la rouille. La visite des installations de préparation physique des acteurs… Le monde mystérieux du monastère subaquatique des frères amphibiens dont les patrons sont Saint-Yorre et San Pellegrino… Bref, on nage en plein délire sur les vagues de textes savoureux de ces acteurs exceptionnels. Et on rit. On rit beaucoup, à en pleurer. Une superbe prestation. Jean-Marc Bador.

circuit D